Des chercheurs sont parvenus à mieux comprendre la complexité de la leucémie aiguë mégacaryoblastique chez l’enfant en démontrant l’influence du gène GLIS2 sur la sensibilité au médicament anticancéreux Navitoclax. Publiée dans la revue Cell Reports, l’étude a été menée par Mathieu Neault, post-doctorant, et dirigée par Frédérick Antoine Mallette, chercheur au Centre de recherche de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (CR-HMR), affilié au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal (CIUSSS-EMTL), et professeur agrégé à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, en collaboration avec la chercheure Heather J. Melichar du CR-HMR en partenariat avec plusieurs chercheurs internationaux*.
L’équipe de recherche du professeur Mallette a créé un modèle de souris reproduisant une forme pédiatrique de la leucémie aiguë mégacaryoblastique (LAMC). Ce type de cancer du sang, particulièrement agressif, est réfractaire aux protocoles thérapeutiques actuels. Chez près de la moitié des enfants atteints de cette leucémie, les chercheurs ont constaté la fusion entre deux gènes, CBFA2T3 et GLIS2. Le rôle de cette anomalie génétique dans le développement de la maladie étant mal défini, l’équipe de recherche a décidé de mener une étude approfondie à ce sujet.
En utilisant différentes méthodes moléculaires éprouvées, ils ont pu évaluer chez la souris la contribution propre aux gènes CBFA2T3 et GLIS2 sur la vitesse d’apparition et de progression de la LAMC. Grâce à ce modèle, le lien significatif entre la protéine GLIS2 dans ce type de leucémie et son effet sur certaines protéines responsables de la survie cellulaire, dont BCL2, a pu être établi. Les chercheurs ont ainsi identifié un médicament, le Navitoclax, qui s’est avéré efficace pour induire la mort cellulaire des formes murines et humaines de LAMC.
Les résultats de l’étude, financée par les Instituts de recherche en santé du Canada, la Fondation de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, la Société canadienne du cancer et la Fondation Cole, suggèrent que le Navitoclax pourrait être envisagé comme un traitement potentiel pour les enfants atteints de LAMC. Enfin, ce nouveau modèle de souris servira d’outil pour permettre aux chercheurs d’explorer d’autres processus anormaux favorisant le développement de la LAMC, accélérant ainsi la découverte de nouvelles cibles thérapeutiques potentielles.
*Cette étude a été réalisée grâce à la collaboration des professeurs Laura Hulea, Elliot A. Drobetsky et Dr Jean-Sébastien Delisle, chercheurs au CR-HMR. Soulignons également la contribution de l’Université McGill, de la Stanford University School of Medicine (Californie, É.-U.), du H. Lee Moffit Cancer Center (Floride, É-U) et du Research Institute of Molecular Pathology (Autriche).
Consultez l'article CBFA2T3-GLIS2-dependent pediatric acute megakaryoblastic leukemia is driven by GLIS2 and sensitive to navitoclax