Dans le cadre de la Journée mondiale du cancer (24 septembre), le CR-HMR vous présente le portrait d’un chercheur en oncologie moléculaire, El Bachir Affar.
Ses travaux portent sur les phénomènes de communication entre protéines, appelés signalisation cellulaire, qui permettent d’assurer les processus biologiques. En particulier, il étudie un type de signalisation nommée ubiquitination afin d’identifier son rôle dans le développement du cancer. Ce champ de recherche vise à caractériser les fonctions biologiques et les mécanismes d’action qui sont impliqués dans le bon fonctionnement et le maintien de notre matériel génétique. Il contribue à identifier de nouvelles cibles thérapeutiques pour traiter le cancer en médecine personnalisée.
El Bachir Affar dirige l’unité de recherche en signalisation cellulaire et cancer de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Il est également professeur titulaire au Département de médecine et professeur accrédité au Département de biochimie et médecine moléculaire de l’Université de Montréal.
Le chercheur commence à s’intéresser au phénomène de signalisation cellulaire lors de ses études universitaires en France. Son passage à l’Université Laval lui offre ensuite l'opportunité d'acquérir plus de connaissances sur les mystérieux mécanismes en jeu dans la mort cellulaire. Le docteur Guy Poirier, une source d’inspiration centrale pour lui, l’incite à poursuivre ses investigations dans ce domaine de recherche en complétant un postdoctorat. Il continue sa quête à l’Université Harvard en compagnie du docteur Yang Shi qui lui partage ce qu’il sait sur la régulation génique. L’étudiant marocain au postdoctorat apprend notamment comment les gènes peuvent être activés ou bloqués. Il approfondit alors ses connaissances dans la compréhension et le développement du cancer.
Qu’est-ce qui vous a amené à choisir ce domaine de recherche?
C’est depuis le lycée au Maroc que je m’intéresse à la biologie. Je suis fasciné par le « comment ça marche », par les mécanismes moléculaires et des cellules humaines, invisibles à l’œil nu, qui contiennent pourtant 25 000 gènes. J’aime comprendre la manière dont les protéines communiquent et
collaborent entre elles pour faire fonctionner un système. Elles coexistent dans un espace très restreint. C’est un peu comme une société dans l’infiniment petit.
Quel est le projet ou l’accomplissement dont vous êtes le plus fier dans votre carrière?
Je suis particulièrement fier d’avoir découvert la technique dite du shRNA avec des collègues de l’Université Harvard. Nous avons trouvé que nous pouvons manipuler l’expression des gènes à l’aide de petits morceaux de RNA. Par exemple, nous pouvons inhiber un gène et pas un autre. Cette méthode est très utilisée maintenant partout dans le monde. Ces travaux ont fait l’objet d’un article en 2001 qui a été cité 2000 fois. Lorsque nous travaillons en équipe et qu’il y a une bonne connexion, nous pouvons faire des petits miracles.
Qu’est-ce qui vous motive à poursuivre vos recherches?
C’est fantastique d’explorer des zones encore inconnues des cellules et des mécanismes moléculaires. C’est important d’élargir notre champ de connaissances dans le domaine qui est porteur d’espoir. C’est quelque chose d’assez gratifiant lorsqu’on réussit à découvrir des nouvelles pistes qui peuvent améliorer le diagnostic et le traitement du cancer, et ainsi, changer la vie des patients.
Quels conseils aimeriez-vous transmettre à de jeunes chercheurs ?
Le plus important, c’est d’aimer son travail. Être discipliné, s’en tenir aux objectifs. Il faut aborder les choses en dehors de la boîte. Puis persévérer, c’est important en recherche, car il est rare de faire des découvertes susceptibles de transformer le cours des choses. C’est un travail d’équipe de longue haleine.
Quel métier rêviez-vous de faire quand vous étiez petit?
Tout d'abord, j'avais l'intention de devenir mathématicien, car je comprenais que les mathématiques offraient de nombreuses réponses. Cependant, au niveau secondaire dans mon pays, j'ai eu la chance de rencontrer un professeur qui m'a fait découvrir la biologie : les cellules, le système nerveux, la reproduction, l'endocrinologie, et bien d'autres domaines passionnants. Cette rencontre a complètement changé ma trajectoire académique.
Quel est le lieu ou l’activité qui vous stimule/inspire/apaise dans votre quotidien?
J’aime m’accorder des moments de relaxation, faire un peu de sport, cuisiner, courir à l’occasion. C’est assez diversifié. Mais rien en particulier. Il faut dire que mes loisirs, je les passe pas mal dans le laboratoire…