Une équipe de recherche clinique du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal a obtenu l’un des 22 titres très convoités de « Best of ASH » lors du récent congrès annuel de l’American Society of Hematology (ASH), qui s’est tenu en Louisiane à La Nouvelle-Orléans du 10 au 13 décembre 2022.
Le Dr Denis Claude Roy, hématologue et directeur de l’Institut universitaire d’hématologie-oncologie et de thérapie cellulaire (IHOT), a présenté les résultats d’une nouvelle thérapie prometteuse contre les cancers du sang les plus agressifs durant cette rencontre où les hématologues du monde entier échangeaient sur les plus grandes avancées en hématologie.
Les greffes cellulaires sont utilisées pour transférer aux patients atteints de cancers du sang des cellules saines qui s’attaquent à leurs cellules cancéreuses. Toutefois, peu de cellules cancéreuses dans le sang ont pu être identifiées jusqu’à maintenant avec la capacité de cibler les cellules leucémiques sans avoir d’effet délétère sur les tissus sains. L’équipe du Dr Claude Perreault, en association avec les chercheurs de l’HMR, a pu identifier 98 nouveaux antigènes présents dans les cellules cancéreuses. L’équipe du Dr Jean-Sébastien Delisle a développé avec les membres du CETC et du Centre C3i un procédé pour multiplier des lymphocytes T afin de générer suffisamment de ces cellules pour traiter des patients. Les Drs Silvy Lachance et Denis Claude Roy avec tous les membres du groupe de greffe ont évalué cette stratégie innovatrice dans la première étude clinique au monde réalisée chez l’humain.
Les lymphocytes T sont des cellules présentes dans les globules blancs qui font partie du système immunitaire et se développent à partir de la moelle osseuse. Ils contribuent à nous protéger contre les infections et peuvent aider à combattre le cancer. L’essai clinique a été effectué chez dix patients présentant une rechute de leur maladie après une greffe de cellules souches allogéniques.
Les résultats de cette première phase clinique sont très prometteurs. En effet, les lymphocytes anti-cancer ont été bien tolérés par les patients, qui n’ont démontré de maladie du greffon contre l’hôte (GVH) (rejet de la greffe) que chez un seul patient parmi les 10 patients traités par injection de ces cellules. Aussi, les autres patients n’ont pas démontré d’effets secondaires reliés au traitement par ces cellules. De plus, les lymphocytes étaient encore présents chez les patients jusqu’à 12 mois après leur administration, ce qui indique un effet durable de la thérapie. D’autres phases cliniques seront toutefois nécessaires afin de prouver plus avant la possibilité d’utiliser ce traitement à grande échelle.
Seulement 22 (0,4 %) des 4 962 présentations du congrès de l’ASH ont été choisies comme étant assez importantes et innovatrices dans le domaine de l’hématologie pour mériter cette mention prestigieuse. Les hématologues de l’IHOT ont été une fois encore les plus nombreux parmi les hématologues québécois à faire des présentations au congrès de l’ASH.
L’étude clinique a été réalisée grâce à l’appui financier de Génome Québec, Génome Canada, BioCanRx et Amorchem.