Dans le cadre de la Journée mondiale de la physiothérapie, nous vous présentons le portrait de François Desmeules, physiothérapeute, docteur en épidémiologie et chercheur au sein de l’unité de recherche musculosquelettique du Centre de recherche de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Les travaux de son équipe visent principalement à améliorer les soins et l’accès aux soins en physiothérapie traditionnelle ou en pratique avancée pour les patients atteints de troubles musculosquelettiques (TMS).
Depuis plusieurs années, il souhaite ardemment l’implantation de la pratique avancée en physiothérapie dans les urgences et les cliniques spécialisées. Ce mode de fonctionnement permet au physiothérapeute, après une formation complémentaire, de devenir l’intervenant de premier contact et de coordonner les soins du patient : une façon d’alléger le fardeau du médecin pour l’évaluation et le traitement des TMS et de rendre le parcours de soins plus fluide. Au sein d’une équipe multidisciplinaire, le physiothérapeute, comme une IPS, pourrait par exemple prescrire des examens d’imagerie, une prise de sang ou des médicaments et faire les gestes cliniques nécessaires pour poser le bon diagnostic et commencer sans tarder les soins pour améliorer de l’état du patient. Une approche unique avec des perceptives d’avenir prometteuses.
D’abord inspiré par le Dr Pierre Frémont, médecin du sport à l’Université Laval, qui lui a montré qu’il faut faire de la recherche pour améliorer la pratique clinique et rester pragmatique, le Dr Desmeules a poursuivi ses études postdoctorales auprès de Linda Woodhouse à Hamilton et Edmonton. Elle lui a enseigné les qualités politiques à développer pour favoriser le transfert des connaissances vers les cliniciens sur le terrain et pour convaincre de l’importance d’avoir un meilleur accès aux soins en physiothérapie, notamment par l’implantation de la pratique avancée.
Qu’est-ce qui va vous amener à choisir ce domaine de recherche?
J’ai toujours été attiré par le monde de la santé. Au quotidien, je trouve le travail de chercheur motivant et les tâches académiques stimulantes. Je n’aime pas la routine, je préfère être dans l’action. La recherche me donne une plus grande liberté, elle m’amène à réfléchir, à analyser, à me remettre en question, mais surtout à trouver des solutions. Je souhaite démontrer que par l’implantation de nouvelles approches pour améliorer l’accès et la qualité des soins en physiothérapie, nous pouvons réduire les coûts de santé tout en améliorant la vie des gens.
Quel est le projet ou l’accomplissement dont vous êtes le plus fier dans votre carrière?
Je suis très fier du projet de recherche présentant en cours sur la pratique avancée en physiothérapie à l’urgence qui démontre jusqu’à maintenant, grâce à la collaboration de 700 patients, la plus-value et la diminution des coûts de l’intégration des physiothérapeutes dans les équipes de soins. Je suis également très fier de la mise à jour et de la traduction du Guide québécois de pratiques pour les problèmes de douleur à l’épaule pour le Journal of Orthopaedic & Sports Physical Therapy (JOSPT) qui devient une référence au niveau international pour les physiothérapeutes et les médecins. Ces deux projets auront des impacts notables et mèneront à des changements importants dans le réseau de la santé.
Qu’est-ce qui vous motive à poursuivre vos recherches?
Le fait d’aider les gens et d’avoir un impact concret sur l’amélioration de la pratique en physiothérapie me motivent au quotidien. Je sens que je fais une différence sur la santé et la qualité de vie des gens. La santé mentale et les troubles musculosquelettiques sont les soins qui coûtent le plus cher au Canada. Les TMS sont la cause la plus fréquente de douleur à long terme et d’incapacité physique et ils touchent des
centaines de millions de personnes dans le monde. Je souhaite donc ardemment améliorer l’accès aux soins en physiothérapie dans les hôpitaux et les cliniques spécialisées du Québec.
Également, je trouve très valorisant de former et d’enseigner aux étudiants en physiothérapie à l’Université de Montréal, plus particulièrement aux cycles supérieurs. Le contact avec la relève m’inspire et me motive à vouloir aller plus loin.
Quels conseils aimeriez-vous transmettre à la communauté de nouveaux chercheurs?
Il faut d’abord être passionné par son sujet de recherche. De plus, il ne faut jamais oublier pourquoi et pour qui nous faisons cela. Il est essentiel que ce soit utile pour répondre aux besoins cliniques : comment améliorer les traitements, comment diminuer la douleur, mieux comprendre une pathologie, etc., La recherche doit avoir un impact concret.
Quel métier rêviez-vous de faire quand vous étiez petit?
Je voulais être vétérinaire. Ma mère était infirmière au bloc opératoire donc, plus jeune, j’étais familier avec le monde hospitalier. J’ai toujours été attiré par la compréhension du corps humain et par la biologie. C’est la possibilité d’améliorer la qualité de vie et de favoriser le bien-être des gens qui m’ont amené à la physiothérapie.
Quel est le lieu ou l’activité qui vous stimule/inspire/apaise dans votre quotidien?
J’ai toujours eu une grande sensibilité artistique. J’aime les arts en général, mais plus particulièrement la musique. Je suis un ancien DJ alors j’écoute vraiment beaucoup de musique. J’aime aussi faire du jogging et me déplacer à vélo.