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Centre intégré universitaire de santé
et de services sociaux de l'Est-de-l'Île-de-Montréal

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Actualités

Mieux traiter la leucémie myéloïde aiguë

leucémie

Le François E. Mercier et son équipe du CR-HMR viennent de publier une revue de la littérature qui critique les études cellulaires, animales et cliniques récentes qui décrivent comment la machinerie de démarrage de la synthèse des protéines – le complexe eIF4F – contrôle le métabolisme des cellules leucémiques. Ils ont comparé les données expérimentales, identifié les tendances convergentes et relevé les lacunes qui freinent encore le passage en clinique.

La leucémie myéloïde aiguë (LMA) est un cancer du sang très agressif. Au Canada, moins d’un adulte sur quatre survit plus de cinq ans après son diagnostic. Même si des traitements comme la chimiothérapie et certaines thérapies ciblées existent, leur efficacité est souvent temporaire.

Dans de nombreux cas de LMA, des mutations génétiques (comme FLT3 ou RAS) activent anormalement deux voies importantes à l’intérieur des cellules cancéreuses : les voies mTORC1 et MAPK. Ces voies poussent les cellules à produire plus de protéines, à changer leur métabolisme et à devenir plus résistantes aux traitements.

Une étape cruciale : la production des protéines
Les cellules cancéreuses ont besoin de fabriquer beaucoup de protéines pour survivre et se multiplier. Cette étape s’appelle la traduction de l’ARNm. Elle est orchestrée par un complexe appelé eIF4F.

Ce complexe permet aux cellules de produire des protéines essentielles à leur survie, comme BCL-2, MCL-1 et BCL-XL. Ces protéines empêchent la mort des cellules cancéreuses. Quand les voies mTORC1 et MAPK sont anormalement activées, elles augmentent l’activité du complexe eIF4F — ce qui alimente directement la progression de la LMA.

Des pistes prometteuses : bloquer la machine à protéines
Des chercheurs ont récemment développé des médicaments capables de cibler eIF4A, une sous-unité clé du complexe eIF4F. Ces inhibiteurs agissent un peu comme un robinet qu’on ferme : ils coupent l’alimentation en protéines dont les cellules cancéreuses ont besoin pour survivre.

Dans des modèles précliniques, ces inhibiteurs ont montré qu’ils pouvaient renforcer l’effet de médicaments déjà utilisés, comme la venetoclax, en rendant les cellules cancéreuses plus vulnérables.

Ce que la recherche veut maintenant accomplir
•   Lancer des essais cliniques pour tester les inhibiteurs d’eIF4A ou eIF4F en combinaison avec les traitements standards, dans le but de réduire les rechutes.
•   Identifier des biomarqueurs (comme l’activation de mTORC1, la mutation FLT3, ou la dépendance à BCL-2) pour savoir quels patients pourraient mieux répondre à ces nouveaux traitements.
•   Explorer si cette stratégie pourrait s’appliquer à d’autres types de leucémies ou à des cancers solides.

Pourquoi c’est important
Cibler la traduction des ARNm dans les cellules cancéreuses pourrait :

•    Prolonger la survie et améliorer la qualité de vie des patients atteints de LMA;
•    Offrir des traitements plus personnalisés et moins toxiques;
•    Réduire les rechutes fréquentes, ainsi que le fardeau humain et économique lié à cette maladie.